Néo Terra, le plan global de la Région pour les transitions écologiques et énergétiques, a été voté lors de cette séance plénière du 13 novembre 2023. La nouvelle version du plan, renforcé et actualisé, a été adoptée lors de cette séance au format exceptionnel.
- #Collectivité territoriale
10h – 10h 15 : Discours introductif du président ;
10h15 – 12h15 : Interventions de scientifiques :
- Valérie Masson-Delmotte : 30 minutes d’intervention puis 30 mn d’échange avec les élus ;
- François Dubet : 30 minutes d’intervention puis 30 mn d’échange avec les élus.
12h15 – 13h45 : Pause
13h45 – 14h15 : Signature entre Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI (Banque européenne d’investissement), d’un contrat de prêt permettant de financer les actions de transition écologique de la région.
14h15 – 16h15 : Interventions de scientifiques :
- Jean Pisani-Ferry : 30 minutes d’intervention puis 30 mn d’échange avec les élus ;
- Gilles Bœuf : 30 minutes d’intervention puis 30 mn d’échange avec les élus.
A partir de 16h15 :
- Présentation générale de la délibération « Néo Terra 2, notre boussole commune » par Alain Rousset et Guillaume Riou ;
- Présentation thématisée de la délibération par des élus régionaux ;
- Propos liminaires des 9 présidents ou représentants de groupe sur la délibération ;
- Débats sur la délibération.
Vote de la délibération
Néo Terra, notre boussole pour 2030
C’est une séance exceptionnelle qui s’est déroulée ce lundi 13 novembre 2023, centrée autour du vote d’une seule délibération : la délibération sur Néo Terra. Néo Terra est le grand plan global de la Région pour réaliser la transition énergétique, agricole et écologique en Nouvelle-Aquitaine. Prenant la forme d’une feuille de route, Néo Terra pose les grandes orientations qui vont être appliquées concrètement dans tous les domaines de compétences de la Région. Ce « green new deal » marque une transformation profonde des politiques régionales de la Nouvelle-Aquitaine.
Revoir les interventions et la séance plénière
La démarche Néo Terra est le fruit de huit années de travail avec plus de 450 scientifiques. Néo Terra a été voté pour la première fois par les élus régionaux de Nouvelle-Aquitaine en 2019. Plan totalement novateur, qui a inspiré de nombreuses autres collectivités, Néo Terra a engagé la Nouvelle-Aquitaine bien avant l’heure dans la planification écologique et dans l’action. Néo Terra place les transitions environnementales au cœur des politiques publiques : à l’échelle de la Région, il s’agit de réaliser la transformation de l’économie et de la société néo-aquitaine.
Les scientifiques prennent la parole
En préambule de cette séance plénière, avant l’ouverture des débats politiques, quatre scientifiques ont pris la parole à tour de rôle devant l’assemblée des élus régionaux. Chacun dans leur spécialité, ces scientifiques ont posé un diagnostic actuel de la Région face au changement climatique et dressé un panorama des enjeux et risques à venir. Dépassant le constat alarmant, ces quatre experts ont présenté des leviers d’action possibles.
- Valérie Masson-Delmotte
Paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA), coprésidente du groupe n°1 du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) de 2015 à 2023. - François Dubet
Sociologue, professeur émérite à l’Université de Bordeaux et directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). - Gilles Bœuf
Biologiste, conférencier sur le vivant et la biodiversité, professeur à l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), ancien président du Muséum national d'histoire naturelle - Jean Pisani-Ferry
Economiste, professeur à l’Institut de politique économique de Paris, président de l’institut de l’économie pour le climat (I4CE). Co-auteur du rapport « Les incidences économiques de l’action pour le climat » remis à la Première ministre en mai 2023.
« A quoi ressemblera la Nouvelle-Aquitaine avec zéro émission de CO2 en 2050 ? »
« Ce qui est essentiel, c’est de penser ensemble, construire une économie décarbonée, se projeter », a déclaré la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte en réponse aux questions des élus présents. « Qu’est-ce que c’est une Région Nouvelle-Aquitaine avec zéro émission de CO2 en 2050 ? Qu’est-ce que ce sera, à quoi ça ressemblera ? Quels seront les emplois, comment va-t-on se déplacer ? Comment va-t-on se nourrir ? Comment va-t-on vivre, comment on va se loger ? Quelles seront les opportunités économiques ? Pour moi, c’est la priorité : construire une nouvelle économie. Et si ça n’est pas fait, si nous n’engageons pas résolument un cap clair de décarbonation, nous n’aurons pas des conditions stables, solides, pour les acteurs économiques, pour les acteurs industriels. Et le risque, c’est d’être dans une situation où on va importer des biens de consommation courante performants qui auront été construits en Chine ou aux Etats-Unis ».
« On ne nourrira jamais 8 milliards d’humains avec des sols morts. »
Dans son intervention, François Dubet a livré une analyse du modèle éducatif français, un « système à bout de souffle » selon le sociologue, générateur d’élites d’un côté et d’échec scolaire de l’autre. « Les enjeux sont de multiplier les modes de formation et les définitions du mérite. Ce qui est tout-à-fait injuste, ce n’est pas que l’école définisse le mérite scolaire, cela va de soi. Mais c’est qu’elle ait le monopole de la définition du mérite. Sans mérite scolaire, en réalité, vous n’avez pas de mérite. » En découlent des chantiers comme la revalorisation du travail et des métiers, l’ouverture des formations à tous âges, la diversification des parcours, et au final, la question du travail.
Brossant un portrait pédagogique passionné du vivant et des bactéries, le biologiste Gilles Bœuf a pointé les « sept plaies de la crise écologique » : la crise du productivisme agricole ; la pénurie d’eau potable ; l’épuisement des ressources de la mer ; la déforestation ; l’effondrement de la biodiversité et la dissémination des produits toxiques. Concernant le travail des sols et le changement des pratiques agricoles, il est particulièrement pertinent de travailler à l’échelle de la Région, a noté le biologiste.
« L’enjeu de l’équité est central. »
« Comment réussir la transition climatique ? », s’est interrogé l’économiste Jean Pisani-Ferry, intervenant en visioconférence. Sachant que les Française et les Français « ne veulent pas payer pour le climat » : 68 % des citoyennes et citoyens estiment que c’est aux entreprises ou à l’Etat d’agir principalement (selon l’enquête Fractures françaises réalisée en 2023). Pourtant, indique l’économiste, les enjeux de progrès technique, de sobriété et de substitution des énergies fossiles demandent un investissement lourd, notamment pour les classes moyennes (pour la rénovation du logement ou l’acquisition d’un véhicule électrique, par exemple). « À l’horizon 2030, il y aura des coûts (économiques, budgétaires, sociaux), et il faut le reconnaître », rappelle Jean Pisani-Ferry. L’enjeu de l’équité est donc central.
Les six ambitions de Néo Terra
Le premier vote de Néo Terra, en 2019, fixait des objectifs à l’horizon 2030. Ce deuxième vote de Néo Terra, en 2023, permet d’adapter le plan à l’urgence actuelle qui frappe aussi bien le monde que la Région. La nouvelle version de Néo Terra intègre trois grands principes :
- Néo Terra renforce l’adaptation au dérèglement climatique.
- Le plan intègre la démarche « Une seule santé » (One Health) comme pilier de l’action. La démarche « Une seule santé » promeut une approche globale de la santé, qui lie la santé de l’humain à la santé des animaux et de l’écosystème.
- Enfin, Néo Terra fait des solidarités la condition indispensable d’une transition réussie.
Surtout, le plan Néo Terra confirme qu’il est avant tout un plan d’actions. Des cahiers des solutions viendront enrichir cette nouvelle version de Néo Terra. Ces cahiers rassembleront, par thème, les solutions concrètes à mettre en œuvre ou déjà mises en œuvre.
Longuement débattue lors de cette séance plénière, la nouvelle version de la feuille de route Néo Terra s’articule autour de six grandes ambitions.
1. Reconstituer les ressources naturelles pour l’avenir
Cette première ambition fixe quatre objectifs :
- Retrouver partout de l’eau en quantité et de bonne qualité.
- Reconquérir la biodiversité.
- Garantir une énergie décarbonée accessible à toutes et tous.
- Réduire l’empreinte humaine avec l’éco-conception et la réduction de déchets.
Plusieurs projets emblématiques sont déjà en cours : la préservation des zones humides en montagne ; les expérimentations lancées pour les forêts de demain ; ou encore le triple défi de l’excellence environnementale, de la transition climatique et de la performance énergétique dans les lycées, avec le plan prévisionnel d’investissement et le déploiement de la géothermie.
2. Ancrer les solidarités au cœur des transitions
Cette deuxième ambition comprend trois objectifs :
- Encourager la persévérance scolaire et relancer l’ascenseur social.
- Allier inclusion et transitions dans les parcours de formation professionnelle.
- Écrire ensemble un nouveau récit : pour une justice sociale et environnementale.
Plusieurs projets illustrent cette ambition : les Olympiades des métiers et les réseaux des Ambassadeurs métiers, qui valorisent tous les métiers ; la création des Campus des Métiers Talents et Territoires Nouvelle-Aquitaine autour des métiers et thématiques liés à l’environnement ; ou encore les actions en faveur du logement et de la mobilité des jeunes et étudiants.
3. Se nourrir : accélérer les transitions agroécologiques et alimentaires
Cette troisième ambition intègre trois objectifs :
- Étendre l’agroécologie à l’ensemble des exploitations agricoles tout en suscitant des vocations.
- Transformer les produits agroalimentaires au plus proche des territoires de production et consommation.
- Rendre accessible à toutes et tous des produits sains, locaux et de qualité.
certifiées HVE ou AB, (contre 9000 en 2019). Adoption du pacte bio 2023-2027 pour développer et dynamiser le marché.
d’agriculteurs concernent des femmes.
dans la restauration collective des lycées (contre 11% en 2019).
4. Innover pour une économie responsable et durable
Trois objectifs également sont précisés pour cette quatrième ambition :
- Accélérer les transitions au service de la compétitivité économique et de l’emploi.
- Renforcer notre souveraineté par l’innovation à impact.
- Placer l’humain et l’équilibre des territoires au cœur du développement économique.
énergétique (équivalent de 72000 logements rénovés) et 318 000 tonnes équivalent CO2 évitées dans les entreprises.
les indications géographiques pour les produits industriels et artisanaux (IGIA) reconnues en Nouvelle-Aquitaine. Il en existe 12 au niveau national.
aidées financièrement afin de poursuivre la réindustrialisation régionale, la compétitivité et l’accélération des transitions.
5. Se déplacer et habiter dans des territoires adaptés au changement climatique
Cette cinquième ambition fixe trois objectifs :
- Conduire la mutation des transports et l’essor du ferroviaire.
- Promouvoir la transition de l’habitat pour tous, et en particulier pour les jeunes.
- Accompagner des territoires équilibrés et résilients.
Parmi les projets emblématiques qui illustrent cette ambition se trouvent : la création de la deuxième ligne ferroviaire au Sud de Bordeaux ; la dé-diésélisation les TER et cars de la Région ; l’intégration des ambitions Néo Terra dans les 53 contrats de développement et de transitions ; le projet de sobriété foncière pour le port de Bayonne.
6. Prévenir et soigner : une approche unifiée de la santé des écosystèmes
Quatre ambitions sont visées dans cette sixième ambition :
- Préserver les environnements et le vivant comme condition de la bonne santé de chacun.
- S’engager pour une santé durable dans toutes les filières économiques.
- Développer de nouvelles méthodes préventives, diagnostiques et thérapeutiques dans les trois santés (humaine, animale et environnementale).
- Mieux comprendre, sensibiliser et former pour anticiper les menaces sanitaires.
Plusieurs projets emblématiques sont déjà engagés ou en cours : la création de la plateforme « maladies infectieuses (ré)émergentes » ; la création d’une cinquième école vétérinaire publique à Limoges ; le Plan régional santé environnement (PRSE) ; la démarche « Une seule santé » placée au cœur de de l’action publique régionale (dans la feuille de route santé 2023-2028).
A l’occasion de cette séance plénière du 13 novembre 2023, la Région Nouvelle-Aquitaine et la Banque européenne d’investissement ont signé un contrat de prêt de 500 millions d’euros dans le cadre du plan rail de la Région. Cet investissement doit notamment financer l’acquisition de matériel roulant, la modernisation des lignes ferroviaires, y compris la construction du nouveau réseau ferroviaire express de banlieue RER Métropolitain de Bordeaux et la construction de gares, technicentres et nouveaux dépôts ferroviaires en Nouvelle Aquitaine.