Nouvelle destination pour Olivier Bleys, qui parcourt la Nouvelle-Aquitaine en marchant. Il s'est rendu cette fois-ci à Collonges-la-Rouge.
- #Tourisme
- #Particulier
Certains villages sont difficiles à comprendre. Le plan des rues, l’ordre des aménagements, le sens des voies de circulation… lancent un défi au promeneur. Dans telle ou telle bourgade, produit du lent amoncellement des constructions au fil des siècles, on peine à trouver des repères.
Rien de tel à Collonges-la-Rouge. Préparant mon séjour dans ce village pittoresque des contreforts du Limousin, je m’étonnais que l’église, la chapelle contiguë, l’ancienne halle aux grains, le manoir… ne possèdent pas d’adresse. N’y avait-il qu’une seule rue, à Collonges ?
La réponse est (presque) oui. Les visiteurs qui stationnent leur véhicule sur le parking, en haut du village, n’ont qu’à descendre la rue Barrière pour rencontrer, sur quatre cents mètres, tout ce qui mérite d’être vu ici.
J’en ai fait l’expérience. On suit dix minutes cette rue inclinée et, soudain, avec la dernière maison dos aux champs, le village s’interrompt : c’est la campagne, on est sorti de Collonges-la-Rouge !
© Olivier Bleys
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Déjà ? Comme bien des touristes, j’ai fait demi-tour. Je me suis lancé dans l’exploration de ce village de poche qui tient dans quelques rues — la plupart trop étroites pour la circulation automobile — et une poignée de maisons à touche-touche.
D’emblée, le regard est saisi par l’harmonie de l’ensemble, le mariage heureux des lignes et des couleurs. La palette des façades se réduit à deux ou trois tons : brique, orangé, capucine… Collonges-la-Rouge porte bien son nom. Ici, toutes les constructions ou presque sont en grès rouge, une pierre extraite des collines avoisinantes.
Elles sont une dizaine, les communes du sud de la Corrèze à s’être habillées de cette pierre singulière, qu’enflamme la présence plus ou moins riche d’oxyde de fer. Mais nulle part mieux qu’à Collonges, le grès ne paraît prendre feu... Seuls les toits d’ardoise brute parviennent, ici et là, à contenir l’incendie.
© Olivier Bleys
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Le grès rouge a servi à construire les maisons. Il a permis aussi d’édifier des bâtisses plus imposantes. Passant sous les fenêtres du manoir de Vassinhac, joli castel Renaissance, j’admire son bel état de conservation. Voici pourtant quatre siècles que Gédéon de Vassinhac, seigneur de Collonges et capitaine gouverneur de la vicomté de Turenne, a établi ici sa demeure.
© Olivier Bleys
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L’église Saint-Pierre elle aussi est joliment entretenue. Le temps d’une courte visite, je déploie le trépied de mon appareil photo à l’intérieur, dans la pénombre rose des vitraux.
C’est la fin de l’été et les touristes sont encore nombreux à s’arrêter sous le tympan en calcaire du XIIe siècle, déposé pendant les guerres de religion et remonté ensuite, ou dans l’axe du clocher roman.
© Olivier Bleys
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À l’angle de la même place se dresse la chapelle des pénitents, siège autrefois des Pénitents noirs, une confrérie laïque du XIIIe siècle. Les vitraux d’origine ont été remplacés par des verreries contemporaines, qui jettent des feux changeants sur les dalles de pierre.
© Olivier Bleys
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Quand on sort de la chapelle, la lumière crue et la forte chaleur vous sautent au visage. Heureusement, il fait plus frais autour de la fontaine devant la mairie. Si l’eau ne peut être bue, c’est un plaisir d’en rincer son visage, en suivant amusé la nage des poissons rouges au fond du bassin.
© Olivier Bleys
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C’est à proximité, voici quarante-deux ans, qu’a ouvert l’une des premières échoppes d’artisans du village. En 1976, Collonges-la-Rouge n’était pas encore une destination touristique. Le bourg ne figurait pas non plus sur la liste des « Plus Beaux villages de France », qu’il a d’ailleurs inaugurée : c’est en effet à son maire de l’époque, Charles Ceyrac, qu’on doit l’invention du label et la constitution du réseau, riche aujourd’hui d’une centaine d’adhérents.
Quand « l’atelier de cuir » a été créé, les visiteurs étaient rares. Mais l’on y cultivait déjà un savoir-faire que perpétuent Angèle Perrier et Jérôme Marliac, héritiers du projet. Ceintures, sacoches, portefeuilles, bijoux… Ma caméra butine les allées de la boutique, qui fleure bon le cuir de vachette finement tanné.
L’artisan me décrit différentes sortes de cuirs, avant d’évoquer des commandes particulières qu’on lui a passées.
Parmi les artisans installés à Collonges, une majorité y vivent à l’année. Ce sont des maroquiniers mais aussi des moutardiers, des ferronniers, des vanniers dont le talent à tresser des chapeaux de paille a été bien apprécié des touristes, pendant la canicule.
© Olivier Bleys
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Nombreux aussi sont les restaurants qui servent les spécialités roboratives du Limousin, tels le pâté de pommes de terre ou le boudin noir aux châtaignes... Le raisin, dont commence la saison, s’invite dans plusieurs plats.
© Olivier Bleys
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Tant mieux, c’est l’heure du déjeuner. Devant une crêperie à la décoration extravagante, une sorcière grandeur nature monte la garde. La carte aux accents folkloriques propose une galette « Berthe aux pieds nus », une galette « Mimi cra-cra des bois », une galette « Mirabelle la rebelle »…
Mis en appétit, je franchis la porte de ce lieu mystérieux.
La maison de la sorcière jouxte le restaurant de même nom. Deux espaces contigus, mais deux ambiances bien différentes...
Les clients, m’explique le patron, viennent du monde entier. Collonges-la-Rouge est populaire jusqu’au Japon !
Vers treize heures, je me remets en marche, lesté d’une fraîche bolée de cidre. Sous le soleil à son zénith, le promeneur se faufile d’ombre en ombre. Je ne suis pas le seul à m’abriter sous la halle aux grains, où se tenait jadis un marché aux vins et aux huiles de noix. La halle est renommée pour sa charpente en bois de châtaignier et pour son four ancien, où les villageois cuisaient leur pain.
© Olivier Bleys
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De la même époque date la maison de la Sirène, ainsi baptisée d’après la sculpture qui surmonte l’entrée. Cette maison est aujourd’hui le siège de l’association des « Amis de Collonges », très active dans l’entretien et dans l’embellissement du village. C’est un lieu à fréquenter si l’on s’intéresse à l’histoire et au patrimoine de Collonges.
© Olivier Bleys
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Au sous-sol du petit musée, des échantillons de pierres déclinant toutes les nuances du rouge. Cela donne envie d’explorer la faille dite de Meyssac, curiosité géologique d’où sont issus ces grès colorés. Elle s’étire sur près de cinquante kilomètres, au voisinage immédiat de Collonges. On trouve encore, dans la forêt, les vestiges d’anciennes carrières de pierre.
De nombreux sentiers et circuits empruntent le village, situé sur la voie dite de Rocamadour du chemin de Compostelle. Parmi eux, j’ai repéré le sentier des sources, qui permet d’approcher les sites d’extraction du grès. Huit kilomètres, à travers bois : une jolie promenade pour finir la journée...
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C’est la fin de l’été et les touristes sont encore nombreux à s’arrêter sous le tympan en calcaire du XIIe siècle, déposé pendant les guerres de religion et remonté ensuite, ou dans l’axe du clocher roman.
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Voici enfin les carrières. Les ouvriers qui taillaient les blocs de grès habitaient des maisons faites du même matériau. Un silence pèse aujourd’hui sur ces ruines : faute de rentabilité, on a cessé d’exploiter les gisements.
© Olivier Bleys
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Le soleil décline comme je redescends vers Collonges. Le village n’est jamais plus rouge qu’à cette heure, quand l’allument les rayons chauds du couchant.
© Olivier Bleys
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