Plusieurs fois champion du monde de planche à voile, il est le sportif le plus titré de France. Le windsurfer Antoine Albeau a repris l’école de voile familiale à La Couarde, en Charente-Maritime, tout en visant un nouveau record de vitesse à battre.
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Antoine Albeau par Néo, le portrait
Antoine Albeau est une légende. Prononcer son nom dans le milieu de la planche à voile, en France comme à l’international, met tout le monde d’accord sur un palmarès exceptionnel, d’une longévité à peine croyable. Vingt-six titres de champion du monde, dans pratiquement toutes les catégories : slalom, freestyle, funboard, vitesse… Dont un dernier championnat de vitesse remporté en avril 2023. À 51 ans (il est né le 17 juin 1972), Antoine Albeau est le sportif le plus titré de France, tous sports confondus. En planche à voile (ou windsurf), le « colosse de l’île de Ré », comme aime parfois l’appeler la presse, est tout simplement une référence. En plus de tous ses sacres, il détient aussi le record du monde de vitesse, établi en 2015 : 53,27 nœuds, soit un peu plus de 98 km/h, en planche à voile.
Moral d’acier et préparation matérielle sans faille
Ça fait « pas mal de médailles », concède le Rétais, qui a toujours gardé les pieds sur terre, bien ancrés sur son île. Le parcours hors norme du champion apparaît comme la suite toute naturelle d’une vie rythmée par la glisse. Pas d’histoire de coup de foudre sportif ou de révélation. Chez les Albeau, on navigue comme on respire. Marie-Claire et Jean-Marie Albeau ont ouvert l’école de voile familiale à La Couarde, sur l’île de Ré, en 1972, avec quelques bateaux pour commencer.
Dans les années 1970, la planche à voile arrive tout juste en France. Jean-Marie Albeau accroche immédiatement. « Dans ces années-là, il n’y avait pas vraiment de petits gréements pour les enfants. Il n’y avait que ces grandes bâches, énormes, très lourdes », se souvient Antoine Albeau. « Mon père m’avait coupé un petit gréement dans le haut d’une voile, il avait confectionné le wishbone pour le tenir, et j’ai commencé comme ça avec d’autres enfants. Et au fil des années, ça a été ma vie. »
Cette école de voile, « ça permet d’avoir pas mal de jeunes. On travaille beaucoup avec des familles. »
« Quand j’ai commencé à avoir 10 ou 12 ans, il y a eu un gros engouement pour la planche à voile en France. » Dans les années 1980, rappelle le windsurfer, « tout le monde qui allait sur la côte l’été en vacances faisait de la planche à voile ». Chaque club de l’île de Ré organise des compétitions. Et le petit Antoine Albeau rafle tout parmi les moins de 14 ans.
En 1986, il décroche son premier titre de champion de France catégorie minime à Port-Camargue, dans le Gard. Sans « entraînement pur et dur ». « C’était juste de la navigation, du savoir-faire, du toucher, je pense. » C’est en section sport-étude à La Rochelle (qui avait refusé sa candidature une première fois à cause de ses résultats scolaires !) qu’Antoine Albeau découvre la rigueur d’un entraînement régulier et peaufine sa technique. Il enchaîne également les déplacements et compétitions. Le clan familial s’organise pour l’accompagner jusqu’à sa professionnalisation en 1992 et son entrée dans le circuit mondial en 1994. Son père lui apprend à ne jamais rien lâcher. Moral d’acier, hygiène de vie irréprochable et préparation matérielle sans faille, le windsurfer écume les compétitions mondiales et devient capitaine de France de l’équipe de funboard.
L'Île de Ré, un « petit paradis »
Toutes ces années durant, Antoine Albeau n’aura jamais rompu ses attaches avec l’île de Ré. Lui qui a pratiqué les plus beaux spots de la Terre, au Japon, en Corée, en Australie, en Nouvelle-Calédonie ou à Hawaï, considère l’île de Charente-Maritime comme son « petit paradis ».
Pourquoi en partir ? Avec sa compagne Paola, il a repris l’école de voile familiale. La transmission s’est faite de façon naturelle pour le champion qui a toujours travaillé avec ses parents. « Toute ma vie j’ai essayé de promouvoir le windsurf, de mettre tout le monde à la navigation. » Cette école de voile, « ça permet d’avoir pas mal de jeunes. On travaille beaucoup avec des familles, on propose de l’optimist, du catamaran, du wing foil...» « Pouvoir avancer dans la mer en toute sécurité, jouer sur l’eau, se faire des copains, apprendre à prendre le vent » : c’est tout ce que souhaite transmettre le champion, désormais partiellement retiré du circuit mondial.
Une rue Antoine Albeau à La Rochelle
La compétition n’est cependant pas finie. Antoine Albeau s’est ouvert de nouveaux horizons. Le windsurfer a créé son propre événement, les Antoine Albeau Series, dont la première édition a eu lieu en mai 2023. Et avec l’ingénieur Marc Amerigo, spécialiste des sports extrêmes, il s’est lancé dans le projet Zéphir. L’objectif est de battre, en planche à voile, le record de vitesse à la voile, soit plus de 65 nœuds (121 km/h), réalisé… en voilier. C’est un peu l’homme contre le bateau. « Un projet très humain », explique le windsurfer, avec des enjeux écologiques sur les matériaux utilisés.
S’il parvient à battre ce record, Antoine Albeau inscrira un peu plus son nom dans l’histoire du windsurf. Il a déjà une rue à son nom à La Rochelle, sur le port des Minimes. Mais Antoine Albeau, toujours prêt à signer un autographe, ne se considère pas comme une légende. Cela ne lui pose aucun problème de naviguer et de se faire arrêter par un petit jeune ou un papa qui lui raconte avoir déjà fait de la planche dans les années 1990 ou 2000. Dans ce cas, répond-il inlassablement, « il faut recommencer, essayer de surfer, et retourner dans l’eau ».
Ses dates clés
- 1972 : Naissance à La Rochelle, en Charente-Maritime.
- 1986 : Premier titre de champion de France moins de 14 ans.
- 1992 : Devient professionnel et entre dans le circuit mondial en 1994.
- 2020 : S’associe au projet Zéphir, pour battre le record du monde de vitesse absolu à la voile.
- 2022 : Retrait officiel du PWA (Professional Windsurfers Association) World Tour, pour la compétition internationale.
- 2023 : Lancement de sa compétition, les Antoine Albeau Series, aux Portes-en-Ré sur l'île de Ré.