Dans sa découverte de la Nouvelle-Aquitaine à pied, Olivier Bleys est parti, pour ce nouvel épisode, à la rencontre de Brive-la-Gaillarde.
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© Olivier Bleys
Brive-la-Gaillarde jouit parmi les écrivains d’une excellente réputation. La première fois que, jeune auteur, j’ai été convié à la Foire du Livre qui s’y tient chaque année, un éditeur m’a confié : « Tu viens de Paris ? Alors, tu vas te régaler ! Brive affrète un train spécial depuis la capitale. À bord, on sert toutes les spécialités... » Il disait vrai. De mes cinq ou six participations à la Foire du Livre, je garde le souvenir de longues dédicaces, de débats captivants, de jolies rencontres avec les lecteurs, mais aussi… de copieuses et fraternelles agapes dans le « train des écrivains. »
Je n’habite plus Paris, et Brive se trouve à quelques tours de roues de mon logement bordelais. Est-ce parce que la région m’est devenue familière ? Assez étendue dans mon souvenir, la sous-préfecture de la Corrèze semble avoir rapetissé. Lancés au hasard, mes pas traversent la ville en une heure — du moins ses quartiers médiévaux, contenus autrefois dans des remparts détruits au XVIIIe siècle.
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Le plan du vieux Brive rappelle celui de Paris, qu’on aurait fait pivoter d’un quart de tour vers la gauche. Et, de même que le centre de la capitale coïncide presque exactement avec l’île de la Cité et la cathédrale Notre-Dame, celui de Brive se superpose à la collégiale Saint-Martin, vrai pivot des quartiers anciens. On célèbre, à raison, son baptistère monolithe en grès, portant les symboles des quatre évangélistes, ainsi que de superbes chapiteaux historiés. C’est un trésor, mais un trésor vulnérable : depuis ce printemps, la mairie collecte les dons pour financer la restauration et la mise aux normes de l’édifice médiéval.
Toutes les rues rayonnent depuis la collégiale Saint-Martin. Les parcourant à pied, on se déplace aussi sur une frise chronologique.
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Succèdent aux bâtiments les plus anciens et les plus centraux, datés du Moyen Âge ou de la Renaissance, d’autres moins âgés, construits sous les règnes de Louis XIII ou d’Henri IV. À la première catégorie se rattachent par exemple la tour des Échevins et le splendide hôtel Labenche, qui abrite les collections du musée d’Art et d’Histoire. Une façade de cette demeure seigneuriale, en grès fin de Gramont, voit se détacher des bustes d’hommes et de femmes, comme surgis de la pierre.
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Dans la seconde catégorie entrent plusieurs édifices religieux, telle la maison Cavaignac où logeait, au XVIIe siècle, l’abbesse du couvent de Clarisses. Ce bâtiment à angle droit, ouvert comme un livre, abrite aujourd’hui les archives municipales.
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J’y pénètre pour fuir la chaleur et rencontre, un peu par hasard, une exposition sur le train. Un ventilateur fait doucement onduler les panneaux plastifiés. Dans les vitrines s’alignent des miniatures de locomotives, conçues et légendées avec la minutie bien connue des modélistes ferroviaires. Je n’ai jamais joué au train électrique et m’attarde pourtant devant une maquette de deux mètres de long, qui reproduit avec force détails des ouvrages d’art de la ligne Nexon-Brive.
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La maison Cavaignac fait partie des belles demeures sur le boulevard, une large artère ombragée de platanes qui contourne la ville.
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Il y a un en-deçà et un au-delà du boulevard. À l’intérieur sont les quartiers historiques, striés de rues piétonnes dont chaque numéro ou presque loge un commerce, étale une vitrine, pend une enseigne.
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C’est dans cette partie que l’office du tourisme, très actif, déploie ses animations colorées, ainsi cette plage artificielle (mais garnie de vrai sable) dans l’ombre de la collégiale.
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Déclinant à l’envi l’épithète « gaillard » et l’attribut qui va avec (une moustache à deux brins, dont les jeunes Brivistes confient l’entretien aux nombreux barbiers de la ville), l’office du tourisme veille sur son territoire du haut d’un phare, en réalité un ancien château d’eau.
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Le point de vue, paraît-il, est imprenable sur la Corrèze qui coule à proximité. Sans doute peut-on aussi admirer le kiosque à musique Belle Époque, refait à neuf, dont un récent appel à projets municipal veut dessiner l’avenir.
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Sous ce kiosque, élégamment coiffé d’ardoises de Travassac, étaient donnés jadis des concerts de musique militaire. Nul doute qu’on y trinquait aussi, qu’on y portait des toasts au champagne ou à la liqueur de noix. J’ai rendez-vous dans une distillerie qui, précisément, écoule cette boisson et d’autres depuis bientôt deux siècles. Il n’y a qu’à suivre les boulevards sur un kilomètre pour rencontrer les établissements Denoix, annoncés dès le trottoir par un alambic reluisant.
À l’intérieur, une fraîcheur pleine d’arômes enveloppe le visiteur. Dans les salles pénombreuses se côtoient les foudres à robinets de cuivre et le comptoir chargé de flacons. Ça fleure bon l’orange, la vanille, le fenouil et les nobles alcools où macèrent ces condiments, des mois ou des années durant.
Je suis la visite, qui s’achève par une dégustation.
Ensuite, madame Denoix Vieillefosse décroche le cordon qui délimite le secteur ouvert au public et me confie, en tête-à-tête, l’histoire de cette distillerie familiale. Nous évoquons la tradition, le label d’entreprise du patrimoine vivant qui lui a été décerné mais aussi des sujets plus immédiats : l’évolution de sa clientèle, ses projets d’avenir.
Quand je quitte la distillerie, le soleil au zénith m’appuie sur les épaules. Est-ce l’effet de la liqueur ? Il n’y a qu’une faible montée jusqu’à la gare, mais elle me paraît longue et fatigante. Dans ce quartier plus récent, les immeubles prennent de la hauteur, les rues s’ouvrent à la circulation motorisée. Les jardins, eux, s’élargissent.
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Fait peu ordinaire, la gare bâtie sur une colline domine la ville. C’est sa singularité. Pour le reste, la gare de Brive possède comme tant d’autres son hôtel des voyageurs, son hôtel Terminus et, de l’autre côté de la rue, un manoir abandonné qui doit régaler les explorateurs urbains.
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Le peu d’altitude que j’ai gagnée dégage la vue. Je veux pousser plus loin. Sur le plan, l’avenue où je marche conduit aux grottes Saint-Antoine de Padoue. On nomme ainsi un ensemble de cavités où le saint médiéval, prêcheur d’Auvergne et du Languedoc, se serait retiré à l’automne 1226. Objet d’un pèlerinage national, le sanctuaire franciscain reçoit des visiteurs de tout le pays.
Pourtant, lorsque j’entre dans la première grotte, ornée d’une statue de saint François d’Assise, je suis saisi par le silence et la paix des lieux.
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Au-dessus des grottes commence un chemin de croix. Le sentier en lacets grimpe jusqu’au sommet de la colline. Dans les rues avoisinantes, de belles villas à terrasses se disputent le panorama.
Mon tour de Brive pourrait finir ici, à l’ombre d’une croix franciscaine, le regard perdu dans les lointains brumeux de la ville. Mais je suis curieux d’un « marché de producteurs » dont une affiche, sur un poteau, m’a vanté l’ambiance. C’est ce soir, à quelques kilomètres.
La route de campagne se tortille à loisir, de colline en vallon, avant le village de Chartrier Ferrière où se tient l’événement. Comme j’y fais mon entrée, les cloches de l’église se mettent en branle.
J’attendais un petit marché, des tréteaux dressés sur l’herbe. En fait, il y a foule. Le parc de stationnement — un champ, réquisitionné pour l’occasion — déborde de véhicules, dont certains immatriculés en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas.
Le marché lui-même remplit une grande aire bitumée. On y débite du miel, des magrets, de la truite fumée, des fromages de chèvre en pyramides ou en dômes, et une spécialité corrézienne : les tourtous, d’épaisses galettes à base de farine de sarrasin.
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On y vend aussi de succulentes fraises Charlotte, les meilleures que j’ai goûtées cette saison.
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C’est sur la saveur malicieuse des petits fruits en forme de cœur, piochés deux à deux dans le sac en papier — je voulais en garder pour chez moi, mais comment résister ? —, que se clôt ma marche au pays de Brive.
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