Remise au goût du jour, la célèbre pantoufle est protégée par l’indication géographique « charentaise de Charente-Périgord ».
- #Économie territoriale
- #Artisanat
- #Particulier
La charentaise, pur produit du recyclage
L’histoire de la charentaise se confond avec le développement économique des hautes vallées du fleuve Charente. Entre la Tardoire et le Bandiat, deux rivières sous-affluentes de la Charente, les paysans commencent dès le XVIIIe siècle à se spécialiser pour répondre à la demande de l’arsenal maritime de Rochefort. Certains deviennent artisans cordiers, d’autres tisserands pour les voiles ou feutriers pour les uniformes. Dans le même temps, autour d’Angoulême, l’activité papetière (avec ses moulins à papier) est en pleine expansion. Les premières usines de feutre à papeterie se créent. Fin XIXe siècle, nous arrivons à nos charentaises : la pantoufle est astucieusement faite avec la récupération de ces feutres à papeterie. Un pur produit du recyclage ! La charentaise fait ainsi la richesse de familles et de communes situées entre Angoulême, Limoges et Périgueux.
Créée en 1907 par Théophile Rondinaud, l’entreprise familiale doit ses heures de gloire à James Rondinaud, vendeur hors pair. Dans les années 1950, il ouvre le premier magasin de charentaises à son nom à La Rochefoucauld, popularise le fameux motif écossais et se diversifie dans le chausson médical avec la marque Docteur Jéva, vendue en pharmacie jusque dans les années 1960. Les établissements Rondinaud ont reçu le label EPV (entreprise du patrimoine vivant) en 2007.
Les entreprises du patrimoine vivant (EPV)Fiche d’identité de la charentaise
© LMC
- La forme. La charentaise est d’abord conçue pour se glisser dans les sabots. D’où sa forme avec cette languette caractéristique qui protège le coup de pied. Notre pantoufle succède aux chaussons légers en peau de mouton utilisés pour remplacer la paille dans les sabots.
- La matière. La charentaise a souvent mélangé les matières : feutre, croûte de cuir ou basane (cuir d’agneau) pour la semelle ; laine, daim ou satin pour le chausson. Les semelles synthétiques à moindre coût ont depuis envahi le marché.
- L’assemblage. La « vraie » charentaise se distingue par sa technique d’assemblage : le cousu-retourné. La semelle et la tige (le corps du chausson) sont cousues ensemble à l’envers avant que la pantoufle ne soit retournée. Tout l’enjeu de l’indication géographie est de protéger ce savoir-faire.
Un nouveau souffle pour la pantoufle
À la fin des Trente Glorieuses, le petit patronat pantouflier ne se relève pas de la crise des années 1970. Ajoutez à cela la concurrence étrangère et une image tenace de pantoufle à papa… La charentaise, devenue un marché de niche, mise alors sur un positionnement haut de gamme. Tcha, à Touvre, en fait un objet design. Rondinaud (l’Atelier Charentaises), a collaboré avec des marques en vue comme Saint-James ou Le Slip Français. Avec DM Production à Montbron et Fargeot & Cie à Thiviers, les deux entreprises font partie du collectif qui a déposé une demande d’indication géographique pour défendre l’appellation « charentaise de Charente-Périgord ». Une charentaise exclusivement fabriquée en Charente et en Dordogne, en cousu-retourné. La pantoufle a gagné son label en mars 2019.
Cette année-là, le premier atelier de pantoufles est officiellement créé à Nontron, véritable berceau de la charentaise.
Le chiffre de production de charentaises annoncé en 2016 par les principales entreprises régionales. La charentaise en cousu-retourné ne représente qu’une faible part de cette production.
La charentaise de Charente-Périgord obtient une indication géographique (IG) qui protège la technique du cousu-retourné.