Dans ce deuxième épisode, Engagés interroge le lien étroit entre engagement pour la santé et engagement politique. Le podcast de la Région consacré à la vie publique donne la parole à trois élus, avant tout des professionnels de santé ou travaillant directement sur des questions de santé. Françoise Jeanson est médecin, Julien Bazus ingénieur et Benoît Tirant aide-soignant.
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Ecoutez l'épisode 2 d'Engagés
Françoise Jeanson : faire plutôt que demander
Elue régionale de Gironde (33), Françoise Jeanson est vice-présidente en charge de la Santé et de la Silver économie. La conseillère régionale a multiplié les expériences tout au long de son parcours : médecin libérale, médecin en crèche, en PMI, directrice du service interuniversitaire de médecine préventive de Bordeaux puis directrice d’Ehpad. Pendant près de 17 ans, Françoise Jeanson a également été bénévole au sein de l’association humanitaire Médecins du Monde.
« Je faisais des consultations dans le centre de soins et d’accueil que Médecins du Monde avait à Bordeaux, et qui a été dans plusieurs endroits à Bordeaux. Par la suite, j’ai eu une action plus politique. C’est peut-être là que j’ai appris un peu la politique. J’ai participé au pilotage national de ces centres d’accueil et de soins. L’idée de ces centres était d’accueillir et de soigner, et d’aider à recouvrer des papiers et un accès aux soins pour toutes les personnes qui n’avaient ou qui n’ont pas d’accès aux soins. Parce que ce que l’on ne sait pas, très souvent, c’est qu’il y a beaucoup de gens en France, beaucoup trop en tout cas, qui n’ont pas les papiers nécessaires pour aller se faire soigner ou qui ne peuvent pas avancer les frais quand ils doivent payer une part de la consultation ou des soins. (…) Après avoir organisé le pilotage des missions France, j’ai été présidente de l’association Médecins du Monde et j’ai eu un parcours à l’international aussi. On s’aperçoit que la question de l’accès aux soins est réelle, même si ce n’est pas tout-à-fait la même. C’est souvent un manque de moyens crucial. Vous savez, dans tous les pays, les gens riches peuvent se faire soigner. Et dans tous les pays, les gens pauvres, et très pauvres, ont du mal à se faire soigner. Et c’est là qu’effectivement, la compréhension de ce qu’était la politique, de ce que peut faire le politique, est certainement née. Ensuite est venue l’envie de passer de cette position de demandeur, de lobbyiste presque, à une position de faiseur, ou de faiseuse plutôt, avec l’envie de m’engager en politique, spécifiquement sur ces questions de santé et d’accès aux soins.»
Julien Bazus, les défis du thermalisme
Maire de Saint-Paul-lès-Dax depuis 2020, Julien Bazus est conseiller régional élu des Landes (40). Ingénieur de formation, il est conseiller délégué au thermalisme. « Je suis originaire des Landes. Du côté de ma mère, j’ai remonté la généalogie comme ceci, ça fait plus de trois siècles qu’on est sur le territoire. Je n’arrive pas à remonter au-delà. Voilà une histoire de métayers, d’agriculteurs, de « gemèir » [gemmeur, NDLR], comme on dit chez moi en gascon, ces gens-là qui allaient saigner les pins pour récupérer la sève. » « Je crois que l’engagement régional est une continuité de l’engagement local, municipal, d’agglomération, avec une continuité dans les enjeux, et la possibilité de pouvoir apporter des réponses plus globales à nos concitoyens. »
« Je porte le sujet du thermalisme pour la Région. On a de nombreux enjeux à relever. Le premier est : quel est notre modèle thermal demain ? Quel type de population on adresse, quel est le format de cure, sa durée, les horaires, le mode de fonctionnement, etc. Deuxième interrogation, et là aussi un défi majeur : c’est la connexion à Néo Terra. Comment est-ce que l’on protège nos ressources. Que ce soit en eau, en boue, en argile et comment est-ce qu’on les restitue à la terre une fois qu’on les a utilisées. (…) Comment nos bâtiments, nos bâtiments thermaux, deviennent vertueux en termes de transition écologique. On a beaucoup d’enjeux autour de l’emploi, la formation. (…) Et puis enfin, l’innovation. Qu’elle soit technologique ou qu’elle soit dans les soins que l’on peut prodiguer aux curistes, aux patients. Comment est-ce que l’on utilise différemment nos produits aujourd’hui ? Quelles sont les nouvelles maladies que l’on peut traiter avec les produits que l’on a déjà ? Et puis se dire : aujourd’hui on est dans le curatif. Comment s’organise-t-on demain pour faire du préventif ? »
Benoît Tirant : « l’aide-soignant à domicile est seul »
Benoît Tirant, conseiller régional élu de la Vienne (86), continue d’exercer sa profession d’aide-soignant dans un accueil de jour pour patients atteint de la maladie d’Alzheimer, à Poitiers. « J’ai pris des dispositions pour être à temps partiel. Et donc je travaille une à deux journées par semaine. Après mon parcours hospitalier, j’ai eu l’occasion de travailler dix ans à domicile, donc de faire des soins à domicile, à Poitiers. Et c’était une période vraiment assez exceptionnelle parce qu’on travaille beaucoup en autonomie, dans une relation directe avec des patients, des personnes âgées à la fin de leur vie, qui sont parfois malades. (…) C’était vraiment une période très belle, qu’on vit un peu en solitaire, puisque l’aide-soignant à domicile est seul. »
« Ce sont des expériences humaines très fortes, en permanence. C’est aussi la réalité. Dans le monde des élus, il y a parfois beaucoup de bienveillance. On voit que sur les réseaux sociaux ce n’est pas toujours le cas. Mais en tout cas dans la vraie vie, c’est très institutionnel, on représente le Conseil régional qui est une grosse institution, il y a beaucoup de codes, etc. Quand vous êtes avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, il n’y a plus de conseiller régional, il n’y a plus tous les codes que l’on connaît dans le cadre des fonctions d’élus. Et puis il y a tous les collègues, des collègues qui vous considèrent comme un collègue à part entière. Vous avez un chef, une cheffe, vous avez une sous-directrice, une sur-directrice. C’est ce que connaît tout un chacun dans son travail. »
Retrouvez l'intégralité des entretiens dans l'épisode 2 du podcast Engagés.
Qui sont les élus régionaux de Nouvelle-Aquitaine ? Souvent investis dans des organisations professionnelles, reconnus dans leur métier, ils et elles ont décidé de franchir le pas et de s’engager un peu plus encore dans la vie publique. Quel est leur moteur ? Pourquoi s’engager à l’échelle d’une Région ? Qu’est-ce qui incite des professionnels aux journées déjà bien remplies à pousser la porte d’un hémicycle ? Besoin de faire bouger les lignes ? De se sentir plus utile encore ? Au fil des épisodes, la série Engagés va à la rencontre des élus régionaux, pour comprendre leur parcours et vous faire découvrir sous un autre angle ces femmes et hommes qui mènent l’action publique.