En Charente, Phyto-Victimes épaule et conseille les utilisateurs de produits phytosanitaires atteints de pathologies. L'association fondée en 2011 sensibilise aussi les jeunes et futurs professionnels.
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« Notre mission consiste à aider les victimes des pesticides et leurs familles, quelles qu'elles soient », avance Antoine Lambert, exploitant agricole installé dans l'Eure et président de Phyto-Victimes. Fondée voilà 10 ans, cette association charentaise accompagne dans la France entière les professionnels atteints de pathologies liées à l'usage des produits phytosanitaires : maladies neurodégénératives et troubles neurologiques, leucémies, lymphomes et autres cancers.
Demandes de reconnaissance en maladie professionnelle, conseils d'experts scientifiques, médicaux ou juridiques : Phyto-Victimes a développé en une décennie un savoir-faire unique pour épauler les malades dans leur combat. « L'association a accompagné plus de 500 personnes en une décennie. Les pesticides, c'est la réalité d'hier, d'aujourd'hui et de demain », rappelle Antoine Lambert. « Certains sont désorientés, déboussolés. D'autres sont en colère ou désespérés. Tous ont besoin de conseils », abonde Emma Gautier, responsable de développement de Phyto-Victimes.
Indépendants et sans jugement
L'association est née dans le sillage du combat de l'agriculteur Paul François contre Monsanto. En 2004, ce Charentais – et premier président de Phyto-Victimes – s'était intoxiqué en utilisant du Lasso, un puissant herbicide fabriqué par la transnationale. Racheté par Bayer, le groupe a depuis été reconnu responsable au terme d'une longue bataille judiciaire. « Dans l'agriculture, ne sont pas uniquement exposées les personnes qui manipulent les pesticides. Tous ceux qui travaillent autour peuvent être touchées, comme dans les vignes. Et bien d'autres professions utilisent des produits phytosanitaires », rappelle Antoine Lambert. Phyto-Victimes s'interdit en revanche toute prise de position sur les modèles agricoles « pour ne pas nous couper des personnes malades », insiste son président. « Nous avons une position médiane et sans jugement. Nous restons ainsi indépendants. Si nous avions une étiquette, certaines victimes ne passeraient pas la porte de l'association », résume Emma Gautier.
Des interventions dans les lycées agricoles
Cette neutralité n'empêche pas les membres et bénévoles de l’association d'alerter sur la dangerosité des pesticides. Phyto-Victimes multiplie ainsi les interventions, notamment dans les lycées agricoles de la région Nouvelle-Aquitaine pour sensibiliser à leurs usages et aux risques encourus. « C'est une mission primordiale. Les jeunes n'ont pas toujours idée des dangers liés aux produits qu'ils utilisent », estime Antoine Lambert. L'association a ainsi développé une exposition itinérante et des outils pédagogiques à destination des enseignants pour aborder cette thématique avec les jeunes. Une web-série verra également le jour d'ici la fin de l'année pour compléter ce matériel et apporter de nouveaux éclairages, notamment sur les pratiques de nos voisins européens. L'objectif est également de faire évoluer les législations françaises et européennes. Phyto-Victimes qui emploie six salariés travaille sur une base de données pour tenter de mieux cerner les pathologies dont souffrent les victimes. Après l'ouverture d'une antenne en Loire-Atlantique, Phyto-Victimes souhaite désormais s'installer aux Antilles pour apporter son aide et ses savoir-faire.