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La Région Nouvelle-Aquitaine

Aubeterre-sur-Dronne
Actualité

À Aubeterre-sur-Dronne, des vies entre parenthèses

Temps de lecture 7 minutes

Entre incertitudes et espoir d’un retour à la normale, les habitants de ce village charentais sont passés par différents stades durant la crise sanitaire. Nous avons reconstitué leur journal de bord 00

Publié le samedi 14 mars 2020
  • #Emploi
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  • #Éducation et formation
Aubeterre-dronne - Localisation

Aubeterre-sur-Dronne, le 14 mars. L’église monolithe, trésor emblématique du village charentais, ferme ses portes pour un temps indéterminé. La crise sanitaire liée à la Covid-19 occupe désormais tous les esprits jusque dans ce haut lieu touristique situé à la lisière de la Dordogne. « Le maire a reçu un message de la préfecture le soir même. Nous devons fermer dans la précipitation. C’est un mal nécessaire pour protéger les visiteurs, mais c’est un crèvecoeur », avance Monique Aylward, l’une des deux guides municipales de ce monument du XIIe siècle. Unique coiffeuse de la commune, Audrey Capdebos enchaîne les coupes ce jour-là : « Je case le maximum de clients avant l’annonce du confinement. On s’y attend. Au moins, ceux qui seront coiffés seront contents. »

Audrey Capdebos
Audrey Capdebos,
unique coiffeuse
de la commune,
a accueilli un
maximum de clients
avant l’annonce du
confinement.

Lundi 16 mars.

Le président Emmanuel Macron annonce le confinement obligatoire pour deux semaines, effectif dès le lendemain à midi. Pour Audrey Capdebos, c’est la douche froide. « Je ne réalise pas vraiment et pense en voir la fin d’ici à deux semaines », souffle cette trentenaire et mère d’un garçon de 4 ans. Fermeture immédiate, comme chez les bouchers d’Aubeterre, Delphine et Laurent Bocquier. « Nous aménageons très vite les horaires pour n’ouvrir que le matin. Mais on se pose énormément de questions. Nous servons habituellement cinq cantines scolaires », se souvient la patronne de cette enseigne rouge vif inaugurée voilà dix ans sur la place centrale du village. À l’Ehpad, abrité dans l’ancien couvent des Minimes, le personnel s’interroge aussi. Les premières mesures barrières ont été mises en place dès le 3 mars pour protéger les 68 résidents. Les visites, elles, sont suspendues depuis le 9 mars. « Nous téléphonons le jour même à toutes les familles pour expliquer et les apaiser. Pour certaines d’entre elles, c’est très dur », résume Agnès Bizière, la directrice, qui s’efforce alors de « maintenir un semblant de vie normale ». Le confinement bouscule pourtant les habitudes. Des tablettes numériques sont dégotées, les liens se dématérialisent mais ne rompent pas. « La fille de l’une de nos résidentes habite à Miami, aux États-Unis. Avant, elles n’échangeaient que par courriel. Là, elle a pu visiter sa maison grâce à la vidéo. Elle était tellement heureuse ! »

Vendredi 27 mars.

Le gouvernement annonce la prolongation du confinement. Audrey Capdebos fabrique, elle, un comptoir en bois pour son salon. « Mon père était menuisier, je sais bricoler. Ça me prend trois après-midi. J’enchaîne avec la décoration de la boutique, détaille-t-elle. La maîtresse de mon fils nous donne aussi des devoirs. Il ne comprend pas pourquoi je suis à la fois maman et institutrice. » Delphine Bocquier, la bouchère, multiplie les livraisons à domicile : « Les gens passent directement commande sur Facebook. On assure aussi les tournées dans six communes. De nouveaux clients habitués aux supermarchés apparaissent. Le chiffre d’affaires se maintient. »

Ils ont été là !
stephane tujas
STÉPHANE TUJAS FONDATEUR DE MARMANDE SOLIDARITÉ COVID / LE LOT-ET-GARONNE (47)

Le soir du confinement, suite à un appel téléphonique d’une amie âgée inquiète de savoir comment elle allait faire ses courses, j’ai eu l’idée, avec trois amis, de créer une page Facebook pour mobiliser des volontaires afin de venir en aide aux personnes isolées. Plus de 100 ont répondu présent et nous avons effectué plus de 250 interventions avec l’aide de la commune de Marmande. »

Aubeterre sur dronne - Ville
Les habitants sont
très disciplinés face
aux gestes barrières
estiment certains
habitants.

Lundi 30 mars.

La guide Monique Aylward et d’autres Aubeterriens se retrouvent en mairie pour fabriquer les premiers masques. « Je ne suis pas couturière, mais je me surprends moi-même, dit-elle en souriant. Nous assurons aussi la distribution dans le village. Cette maladie est très anxiogène... »

Aubeterre sur Dronne - Église
Malgré un protocole
sanitaire strict, de
nombreux curieux sont
venus visiter l’église
monolithe depuis sa
réouverture.

Lundi 20 avril.

Les visites sont de nouveau autorisées à l’Ehpad. Le cloître, isolé et accessible depuis l’extérieur, paraît idéal pour accueillir les familles. « La durée de la visite est limitée à trente minutes. Les personnes doivent porter un masque et se tenir à plus de 2 mètres de leurs proches. Pour les résidents, c’est difficile de ne pouvoir embrasser, étreindre. Certains pleurent, c’est très émouvant », témoigne Agnès Bizière, la directrice, qui travaille non-stop avec ses équipes depuis plus d’un mois déjà.

La maîtresse de mon fils nous donne aussi des devoirs. Je ne comprends pas pourquoi je suis à la fois maman et institutrice.
Audrey Capdebos, seule coiffeuse de la commune

Lundi 27 avril.

Un bouquet de fleurs pénètre dans l’Ehpad des Minimes. Un résident prénommé Octave célèbre son centenaire avec le personnel. « Sa famille n’a pas souhaité venir, pour éviter toute prise de risques. Ils ont échangé par téléphone. Mais nous avons marqué le coup ! Notre chef cuisinier a fait un gâteau », lâche Agnès Bizière. Sur la place du village, depuis plusieurs semaines déjà, une file d’attente s’étire devant la boucherie. « Seules trois personnes peuvent entrer en même temps dans la boutique, rappelle Delphine Bocquier. Les autres attendent dehors. Ils sont très disciplinés. On ne s’y attendait pas. » Une scène identique se reproduit plus bas, chez Sophie Hyvert, qui tient la supérette d’Aubeterre. « Elle nourrit tout le village ! » martèle Audrey Capdebos.

Aubeterre-sur-dronne - Tourisme
Les commerçants
espèrent que les
touristes répondront
présents après
cette période de
confinement.

Lundi 11 mai.

Le déconfinement entre dans sa première phase. Audrey Capdebos peut enfin rouvrir les portes de son salon de coiffure. « Les clients doivent rester dehors en attendant leur tour. Certains ne veulent pas porter de masque, alors je refuse. D’autres n’osent pas venir, ils ont peur. Mais tous les rendez-vous de la semaine sont bouclés. Et il y a de quoi couper ! Financièrement, il est vraiment temps que ça s’arrête », confie-t-elle. Deux semaines auparavant, Audrey Capdebos a pris les devants et commandé un stock de gel hydroalcoolique et de masques. « Six nouveaux peignoirs aussi, pour avoir plus de marge de manoeuvre. Il faut les laver entre chaque client à 60 degrés. »

Jeudi 21 mai.

La commune reçoit l’autorisation de rouvrir l’église monolithe. Les groupes sont limités à 15 personnes, et la crypte, trop exiguë, reste inaccessible. Le protocole sanitaire s’avère très exigeant, mais les curieux sont au rendez-vous. « Dès la seconde visite, à 11 heures, nous sommes complets, explique Monique Aylward. Je m’y attendais un peu, nous sommes un jour férié et le ciel est beau. La mairie nous fournit en gel, masques et visières. Nous installons une petite estrade pour commenter les lieux en gardant mieux nos distances. Les visiteurs se montrent très respectueux. » Le lendemain, Audrey Capdebos fusille sa machine à laver. « Dans l’urgence, j’envoie ma belle-mère en acheter une neuve. Elle est installée l’après-midi même. En deux semaines, je viens de réaliser le chiffre d’affaires d’un mois en temps normal. On se croirait à Noël », dévoile la coiffeuse. Entourée de son équipe, la directrice de l’Ehpad, Agnès Bizière, poursuit son combat pour préserver ses résidents : « Le retour à la normale sera très progressif, ici plus qu’ailleurs. » Les bouchers Delphine et Laurent Bocquier espèrent, eux, que cette nouvelle clientèle conquise durant la crise ne jouera pas la fille de l’air. Tout comme les touristes émerveillés face à l’église monolithe d’Aubeterre.

Ils ont été là !
Francis Pedoux
Françis Pedoux CHEF CUISINIER AU LYCÉE PIERRE-BOURDAN/ CREUSE (23)

Dès le début de la crise, l’hôpital de Guéret et un ehpad ont cherché des logements pour accueillir du personnel soignant. Étant à proximité,le lycée a proposé son internat. Je me suis immédiatement porté volontaire avec une petite équipe pour assurer toute la logistique des petits déjeuners. C’était la moindre des choses. Une autre équipe s’occupait des chambres. On a essayé de les choyer au mieux.

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