Aqui-Litt, une étude inédite des eaux du littoral régional

Réalisée sur plusieurs années, l’étude Aqui-Litt est une première. A la croisée de la santé humaine, animale et de l’environnement, l’étude dresse un inventaire exhaustif des micro-organismes marins et de leur résistance aux antibiotiques, problème émergent sur le littoral.

Publié le lundi 24 janvier 2022

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C’est une étude pilote inédite qui a été menée en Nouvelle-Aquitaine. Plus précisément dans les eaux du littoral régional. Réalisée de février 2017 à fin 2020, l’étude Aqui-Litt a permis d’établir une cartographie des micro-organismes présents dans les eaux côtières de la façade néo-aquitaine. Surtout, l’étude fait un état des lieux des micro-organismes résistants aux antibiotiques.

Pendant plus de trois ans, l’équipe d’Aqui-Litt a prélevé et analysé plus de 650 échantillons venant du littoral, de La Rochelle jusqu’à Hendaye : eaux des fonds marins, eaux de baignade, poissons et végétaux marins, animaux d’élevage le long de la côte, sable… Sur ces échantillons, l’équipe a pu caractériser 2630 micro-organismes (bactéries et champignons), pour ensuite évaluer leur niveau de résistance aux antibiotiques.

L’antibiorésistance, problème de santé mondial

Un poisson capturé pour l'étude Aqui-Litt

650 échantillons parmi la faune et la flore marine ont été prélevés pour l'étude.

Recoupés avec les données des hôpitaux, des prélèvements de patients de la médecine de ville et des prélèvements d’animaux, ces résultats sont une source d’information précieuse pour comprendre et mesurer la dynamique de la dissémination de l’antibiorésistance dans l’environnement marin. Problème de santé publique majeur, l’antibiorésistance, c’est-à-dire la résistance aux antimicrobiens, constitue « un problème mondial pour la santé humaine », explique la Dr Fatima M’Zali, directrice d’Aquitaine Microbiologie et directrice scientifique de l’étude. En cause : l’utilisation massive et répétée des antibiotiques tant chez l’Homme que chez l’animal qui a conduit à l’apparition de bactéries résistantes à ces médicaments. Jusqu’à présent, l’environnement marin, possible vecteur de bactéries antibiorésistantes, n’avait pas été étudié sous cet angle.

Le littoral, où se déversent les eaux, est le réceptacle des éléments contaminants provenant de l’activité humaine, indique Fatima M’Zali. Au cœur de l’approche One Health, qui englobe santé humaine, animale et environnement, l’étude Aqui-Litt confirme que la santé publique est intimement liée à la santé environnementale et passe par une bonne qualité des eaux côtières.

Economie circulaire et bactéries marines

Aqui-Litt reste une première : « Personne, précise la directrice scientifique, n’avait travaillé à cette échelle de temps et de surface sur la question de l’antibiorésistance dans les milieux marin, vétérinaire et environnemental de façon concomitante. » L’étude met notamment en lumière la qualité des fonds marins au large des côtes, encore préservés. Elle permet aussi d’identifier des bactéries endogènes au milieu marin capables de produire des antimicrobiens. Ces bactéries ouvrent des possibilités économiques dans les secteurs pharmaceutique et vétérinaire : elles peuvent être utilisées dans la production de médicaments pour l’Homme ou l’animal. Le littoral abrite aussi des micro-organismes recherchés dans l’industrie agroalimentaire, dans certaines algues par exemple.

La nouvelle étude Nova-Litt

Financée par l’Union européenne via le fonds européen de développement régional (FEDER), la Région Nouvelle-Aquitaine et le groupe CEVA Santé Animale, l’étude Aqui-Litt a été restituée à l’Hôtel de Région de Bordeaux le 24 janvier 2022. Ses résultats serviront de base pour mesurer les changements du microbiote (le monde des micro-organismes) marin de Nouvelle-Aquitaine, en particulier face au réchauffement climatique.

Ce travail de recherche est loin d’être terminé. Pour succéder à Aqui-Litt, une nouvelle étude est déjà lancée. Le projet Nova-Litt (de 2022 à 2025) doit continuer le suivi à long terme du littoral néo-aquitain, avec plusieurs objectifs : une meilleure prévention et un traitement efficace des maladies infectieuses, réduire les risques sanitaires dans la filière agroalimentaire et garantir la qualité de l’eau du littoral, déterminante pour la sécurité des produits de la mer et des activités aquatiques.